Il y a bien longtemps que je n'avais plongé dans l'univers de Merlin, de Viviane et des prêtresses d'Avalon : quand j'étais adolescente, j'avais lu, comme beaucoup, les nombreux romans de la regrettée Marion Zimmer Bradley "Les dames du lac" et son cycle d'Avalon et j'en gardais un bon souvenir. Passionnée par les mythes arthuriens (mais aussi parce que cela fait partie de ma formation de littéraire), j'avais aussi lu les romans de Jean Markale (lui aussi décédé : d'ailleurs en faisant cet article, je viens de le découvrir) et notamment son "Cycle du Graal" qui est, en grande partie, une réécriture des romans de Chrétien de Troyes et des textes du Moyen-Age sur la vie d'Arthur et de ses chevaliers puis de la quête du Graal. Il n'est donc pas surprenant que lorsque j'ai vu apparaître la couverture du tome 1 des "Epopées Avaloniennes", "Hérodias et le guerrier au linceul", écrit par Sara Greem, paru le 10 novembre aux Editions du 38, j'ai été attirée par ce roman et ai donc décidé de le lire. Je remercie encore une fois Anita, l'éditrice des Editions du 38, pour ce service presse et surtout sa confiance. J'ai un peu attendu avant de lire car je savais qu'il me faudrait attendre la suite et je déteste cela! Or, je vous le confirme, la fin m'a fait râler et j'ai vraiment hâte de lire ce tome 2 (enfin, il est annoncé donc je ne devrais pas trop attendre) ;) En effet, le texte est très prenant et se termine de telle manière que vous n'avez qu'une envie, vous précipiter sur celui-ci.
Je vous rappelle, comme toujours, la présentation de l'éditeur :
Voici l’histoire de la prêtresse-ovate Hérodias qui constitue une légende parmi les maints contes celtes écrits, imaginés ou juste inspirés des mystères d’Avalon. La mythologie celtique se mêle au récit d’une épopée qui modifia le cours de l’histoire.
Hérodias d’Athènes vit sur l’île d’Avalon, l’île sacrée protégée par ses brumes depuis bien avant la mort du roi Arthur, et gérée par le Conseil des Anciennes composé des Grandes Prêtresses Viviane, Morgane et Dana.
Mais depuis quelque temps, il semble que les brumes se désagrègent peu à peu, rendant l'île d’Avalon dangereusement visible à ses ennemis. Hérodias, qui a reçu l’appel de la grande Déesse et du dieu cornu, Cernunnos, afin qu’elle accomplisse sa destinée à travers la nuit rituelle de Beltane et devienne à son tour Grande Prêtresse, a des visions récurrentes d’horreur et de mort. Une guerre se prépare. Les chrétiens, désireux d’éradiquer tout type de religion païenne, usent de trahisons et de magie occulte à l’encontre des derniers adorateurs des dieux multiples.
Hérodias devra renforcer sa magie et ses pouvoirs pour la sauvegarde d’Avalon. Mais quel est le rôle exact que le destin lui réserve ? Et qui est le mystérieux guerrier au linceul que les dieux ont placé sur sa route ?
Mon avis : je commencerai simplement : ce roman est un vraie réussite car il est évident que l'auteure connaît parfaitement son sujet et maîtrise les légendes non seulement liées à Avalon et ses prêtresses mais aussi celles liées aux Celtes en général. Bien évidemment, on va croiser Merlin, les fées Viviane et Morgane mais aussi la reine des fées, des korrigans et autres créatures appartenant à l'Autre Monde. Cependant, il y a aussi la présence de la mythologie nordique puisque l'un des personnages importants du roman est un Viking mais aussi asiatique puisque l'un des héros masculin est Chinois : bref, un mélange de cultures qui est un régal et renforce, évidemment, le dépaysement que nous procure ce premier tome.
Mais avant de continuer, laissez-moi vous raconter le début de l'histoire... soyons clairs, nous rentrons dans le vif du sujet puisqu' Hérodias, l'héroïne, est en proie à un rêve ou à une vision prophétique et qui n'est pas des plus réjouissantes : elle annonce la guerre et la mort. Très vite, on apprend que la jeune femme vient de terminer un jeûne de trois jours et trois nuits parce qu'elle a été choisie pour être l'épouse du dieu cornu "Cernunnos" lors de la nuit de Beltane (je vous invite à consulter le lexique final si vous n'êtes pas au faîte de ces traditions anciennes) et donc de donner naissance à un enfant unique qui accomplira des faits glorieux. Or, l'on apprend qu'Hérodias n'est pas une jeune prêtresse comme les autres et qu'elle est un peu (beaucoup ^^ ) rebelle aux ordres qu'on lui donne, même quand ceux-ci sont initiés par la grande prêtresse Viviane elle-même ou encore par l'enchanteur Merlin (on le verra par la suite) Elle a donc consulté "les oracles" (bon, en fait elle a regardé dans une coupe l'avenir) et ce n'est vraiment vraiment pas bon : elle essaie d'avertir Viviane mais celle-ci ne la croit pas (ou du moins fait semblant de ne pas la croire). On réalise bien vite qu'une guerre se prépare entre les premiers Chrétiens et les défenseurs de l'ancienne religion polythéiste (là encore, je vous invite à lire le préambule qui explique le contexte historique pour ceux qui ne connaissent pas bien cette période, rassurez-vous, cela ne fait pas 50 pages mais cela peut vous être utile). De même, on réalise bien vite que Viviane, la grande prêtresse (Hérodias n'est pas encore à ce rang) en est bien consciente mais essaie de préserver son monde notamment en maintenant l'île (avec ses deux consoeurs, les anciennes "Dana et Morgane", elle forme une sorte de triade) dans les brumes qui la rendent invisible aux autres hommes et surtout aux Chrétiens. Malheureusement, celles-ci semblent être moins opaques et se dissipent, est-ce la fin de la religion celte et la conversion forcée au christianisme? De plus, les paroles de Viviane sont ambiguës et résignées, comme si elle savait déjà que son monde (et donc son île) seraient amenés à disparaître au profit du "dieu unique", comme elles disent.
En revanche, Herodias n'accepte pas cet état de fait et semble vouloir se battre (mais comment peut-on se battre quand on a été élevée dans le respect de la vie sous toutes ces formes? vous risquez d'être surpris par la dame) : outre ses dons de double vue, elle possède une marque de naissance (qui représente un corbeau rouge (le corbeau sera trèssss important dans cette histoire), surnommée Lug, original, non? ) qui semble, là encore, être un avertisseur de catastrophes en devenir. Enfin, la jeune femme est à moitié grecque par son père et avalonienne par sa mère (on apprend aussi qu'elle a été déposée bébé sur l'île et n'a jamais connu ses parents dont elle ne connait pas l'histoire, un mystère de plus qui la rend encore plus unique) et c'est ce que semble lui reprocher Dreidre, une jeune initiée comme elle mais qui est jalouse de la jeune femme (une vraie garce, vous verrez) et beaucoup d'autres : elle n'a pas d'amie à part, une autre jeune prêtresse Lena qui est un vrai soutien pour elle. J'en resterai là parce qu'il y aurait beaucoup à dire mais sachez qu'au cours d'une de ses visions, elle voit un "cavalier noir"qui aura son importance dans la suite du récit et qu'elle rencontrera lors d'un de ses voyages pour aller aider les villageois qui se trouvent face à l'île d'Avalon... Qui est-il? quel rôle aura-t-il dans cette histoire? Est-il un ennemi ou un futur allié dans la guerre qui se profile? Herodias et ses soeurs arriveront-elles à préserver leurs îles, leurs coutumes mais aussi leur religion? et bien vous le saurez en lisant ce très bon premier tome des "Epopées avaloniennes".
Comme je l'ai dit au départ, il y avait longtemps que je n'avais pas lu de romans se déroulant dans cet univers ;) ce qui est sûr, c'est que j'ai hâte de lire la suite et ça m'a redonné envie de relire les textes de Marion Zimmer Bradley (qui sont ressortis récemment si j'ai bien vu, ceci dit moi je les ai donc, pas de souci) : l'histoire est vraiment bien faite car elle repose à la fois sur une fiction inventée mais aussi se base sur des faits historiques avérés (au départ, soyons clairs, la religion catholique était loin d'être une religion pacifique). De plus, on sent que Sara Greem maîtrise vraiment les rites liés à la ou aux religions celtes et elle les insère si facilement dans son récit qu'ils ne posent aucun souci de compréhension et donnent encore plus de crédibilité à ce roman. La plume est fluide et l'on tourne les pages avec plaisir puisque l'on veut savoir ce qui va se passer, surtout à partir du moment où les personnages de Kai (un seigneur chinois) et Aldarik (un seigneur viking) font leur apparition. Tous deux si différents et si complémentaires... Ils apportent la touche de virilité dans cet univers assez féminin.
Tous les personnages sont intéressants (même ceux que l'on verra sans doute davantage dans le tome 2) et l'on connait tous plus ou moins, évidemment, Merlin, Viviane et Morgane, personnages clés du cycle arthurien et évidemment, ils sont la base de cette nouvelle histoire avalonienne : on les redécouvre ou découvre avec plaisir (chaque récit offre sa vision de ces personnages) et ils se mêlent parfaitement à l'histoire d'Hérodias.
La jeune femme, Hérodis, est un vrai régal pour la lectrice que je suis, car c'est une femme de caractère, une héroïne comme je les aime : à la fois fidèle aux traditions dans lesquelles elle a été élevée mais aussi rebelle et c'est ce qui la fera se transcender pour elle, pour ce qu'elle croit et pour ceux qu'elle défend et aime. C'est une guerrière moderne car elle sait se servir de ses pouvoirs acquis sur Avalon et n'hésite pas à apprendre d'autres techniques pour se défendre, défendre les siens et bien sûr son île. Enfin, elle est à la fois forte et fragile, masculine et féminine, généreuse et impitoyable par moment et c'est cette richesse qui fait qu'on ne peut que s'attacher à elle et être admiratives ou admiratifs devant ce qu'elle accomplit et sans doute accomplira.
J'ai beaucoup aimé les deux personnages masculins Kai, le mystérieux seigneur chinois (bon dois-je dire qu'en plus, je suis totalement sous le charme asiatique à la base) qui est un guerrier exceptionnel, un homme fidèle et raffiné et doté de qualités qu'on découvre de page en page. Volontairement, je n'en dis pas plus. Je vous laisse découvrir les raisons de sa présence dans ce roman.
Autre personnage complètement différent de Kai, c'est le bouillonnant Aldarik, le seigneur viking qui semble être la brute épaisse peu éduquée que l'on pourrait détester MAIS lui aussi a son charme, c'est un homme qui est aussi un guerrier impitoyable, parfois un peu lourd mais lui aussi est fidèle ce qui le rend, lui aussi, terriblement attachant (bon, je préfère quand même Kai lol ) mais plus on avance dans le roman, plus on ne peut que succomber sa jovialité et à sa détermination. Je me demande d'ailleurs si Lena (la meilleure amie adorable d'Hérodias) ne serait pas d'accord avec moi (l'avenir nous le dira)
lI y a aussi le mystérieux Hermès, autre "personnage" clé que je vous laisse découvrir et ceux qui devraient être davantage développés par la suite : Goulven, Cadoc, Jian et moi, ceux qui me plaisent bien aussi Killian et Yuan.
Bien évidemment, je ne peux vous parler de tous les personnages secondaires car plus on avance dans le livre, plus on en découvre : il y a les "bons" dont je vous ai un peu parlé mais aussi les méchants et là encore, pour ne pas dévoiler l'intrigue, je vous laisse les découvrir.
Enfin, outre la découverte des rites de l'ancien monde, on découvre (ou redécouvre pour ma part) la manière dont s'est imposée dans la violence la religion chétienne : on est bien loin des préceptes de La Bible et comme à chaque fois, ce que font les hommes et les femmes des textes religieux n'est vraiment pas beau à voir.
Je terminerai en disant que j'ai hâte de lire le tome 2 parce qu'il annonce outre une intrigue que l'on devine à la fin (et on a envie de savoir si Herodias va réussir à sauver.... et .... chut ^^ ), des voyages dans d'autres mondes et d'autres légendes que ce soit celle de l'île d'Ys ou encore celle du Petit Peuple et moi, j'adore quand les cultures, mythologies et légendes s'entrecroisent ainsi.
Un vrai premier tome de qualité que je ne peux donc que vous recommander vivement (vous le savez, quand j'aime, je dois me forcer à m'arrêter ^^ ) : les couvertures en plus sont superbes (celle du tome deux est encore plus belle) et que je vous invite à vous procurer au plus vite, par exemple, ici :