lundi 11 novembre 2019

Un cinquième tome toujours aussi passionnant

lundi 11 novembre 2019
Je lis peu de polars car ce n'est pas franchement mon truc : en revanche, je suis fidèle à certains publiés aux Editions du 38, comme la série "Crimes en Himalaya" que j'adore et qui est écrite par Bernard Grandjean. Si vous ne connaissez pas encore, vous avez bien sûr compris que celle-ci se déroule loin de chez nous (et ce qui fait son originalité) : nous sommes dans la province indienne du Sikkim qui se situe vers le Tibet (sous domination chinoise, comme chacun sait), le Bouthan et le Népal... Nos héros, eux, côtoient essentiellement les cultures indienne,  tibétaine et chinoise et force est de constater que notre auteur sait de quoi il parle : outre les enquêtes policières que l'on mène, on voyage dans ces contrées lointaines et l'on se prend à rêver de découvrir, à notre tour, ces paysages magnifiques qu'il nous décrit mais aussi les gens qui y habitent.

 Nous retrouvons dans chaque tome des personnages récurrents : nos deux enquêteurs : Gopika Pathak, une jeune professeur d'anglais et de hindi,
d'origine indienne : c'est une jeune femme brillante et intelligente, issue d'une famille aisée mais qui est venue se réfugier dans cette région suite à la trahison de son fiancé... depuis, elle vit ici de manière plus modeste et est totalement intégrée. En revanche, c'est un coeur d'artichaut. Elle enquête en compagnie de son ami, Tenzin Mingour, un médecin traditionnel tibétain : c'est un homme d'une grande sagesse et qui a vécu de terribles choses au moment de l'invasion du Tibet par la Chine : outre son savoir pour soigner, il semble être doté de pouvoirs quasi mystiques, même s'il ne veut jamais le reconnaître. Enfin, il y a depuis le départ, l'amie de Gopika, l'actrice bollywoodienne, Shirley (ou Namgyel) Bhutian, avec laquelle elle partage surtout ses aventures de coeur.

    Ces trois-là, cette fois, vont partir en vacances (enfin, pas Tenzin, hein? pas le style ^^ ) dans un hôtel-spa, grand luxe "le Kangchenjunga Golf Club & Spa" (à l'origine, c'étaient les parents de Gopika qui devaient aller là-bas mais son père est un grand avocat et a été retenu à Bombay, il offre donc le voyage à sa fille) situé à 3550 m d'altitude, donc autant vous dire que pour y aller, il faut le vouloir ^^ les plus riches s'y rendent par hélicoptère et les autres y vont par une route qui n'en est une que de nom. Quand il apprend que Gopika doit s'y rendre, Tenzin réalise que cet hôtel ne doit pas être loin d'un monastère bouddhiste qu'il connaît car l'un de ses amis le dirige. Après avoir discuté avec ce dernier, il décide d'accompagner la jeune femme parce qu'il apprend que ce lieu n'a pas une bonne réputation car il appartient notamment à un gourou... Enfin, Shirley qui s'est disputé avec son amant Kirtan, décide, elle aussi, de l'accompagner et là... ses vacances ne vont pas se révéler  être simplement un moment de détente...  

  Le tome 5 "Panique à l'hôtel Kangchenjunga" est sorti le 25 octobre en ebook aux Editions du 38 (et en papier depuis) et comme toujours, je remercie Anita pour l'envoi de ce roman en service presse et surtout de sa confiance car je n'ai même plus besoin de lui demander, elle sait :) Merciiiiiiiiiiiiii 

Présentation de l'éditeur
L'heure des vacances approche pour Gopika Pathak. Ses parents lui offrent un séjour au Kangchenjunga Golf-Club & Spa, hôtel de luxe internationalement connu, situé à 3 350 m d'altitude, au coeur d'un fabuleux décor himalayen. Son acolyte Shirley Bhutia, la célèbre actrice de Bollywood, l'accompagne, et le médecin Tenzin Mingour profite du voyage pour rendre visite à un ami qui dirige un monastère situé dans le même secteur. Une atmosphère étrange accueille les deux jeunes femmes à l'hôtel... Bientôt, l'un des clients disparaît dans les eaux tumultueuses de la rivière Yangtchou toute proche, puis le cadavre d'une des employées est retrouvé au petit matin, flottant dans une piscine. Ainsi donc, certaines des prédictions du vieil homme énigmatique rencontré par Gopika pendant le voyage semblent se réaliser... et ce n'est que le début. Panique à l'hôtel Kangchenjunga est le 5e épisode de la série Crimes en Himalaya de Bernard Grandjean. Dans une ambiance à la Agatha Christie mâtinée de culture indienne, Gopika et ses amis vont devoir mener l'enquête tambour battant pour mettre à jour les secrets sordides dont le prestigieux établissement est l'épicentre.

Mon avis : Vous l'avez compris, j'adore : non seulement, on est piqué dès le départ par l'enquête mais en plus, on retrouve avec joie nos personnages préférés dans de nouvelles aventures mais surtout l'on voyage et l'on se cultive sur ces pays et ça, j'adore! On sent que Bernard Grandjean connaît bien son sujet car il a un don pour nous faire visualiser ces paysages qui doivent être grandioses. 

  Chaque tome est indépendant puisque l'on a des enquêtes différentes à chaque fois et qui sont bien sûr, résolues à la fin du livre : toutefois, il y a des fils conducteurs puisque l'on suit les vies de nos personnages et que l'on a souvent des allusions aux histoires passées, ce qui permet, évidemment de davantage, les connaître.   

  Après un début qui ressemble à un rituel puisque nous retrouvons, Gopika, Telsin et le lama Tsültrim, en train de pique-niquer, comme ils le font souvent, c'est l'occasion pour eux de discuter et bien sûr, cette fois, c'est encore l'humeur de Gopika qui est le sujet ^^ C'est ainsi que Telsin apprend que son amie doit se rendre dans cette hôtel à la place de ses parents mais qu'elle ne peut y aller seule (ce qui lui cause des soucis) : au départ, son amie Shirley ne veut pas l'accompagner et bien sûr, Telsin ne se sentirait pas à sa place. Pourtant, après quelques jours, tous deux vont s'y rendre... Le chapitre 2 nous fait faire connaissance du directeur de cet hôtel, un dénommé Vikram, inquiet de l'arrivée d'un client "Sunil Mondal", qui ne lui inspire pas confiance (ils doivent montrer patte blanche pour accéder à l'hôtel et il effectue des contrôles sur ceux qui viennent) et qui ne semble pas être ce qu'il prétend : lorsqu'il fouille un peu, il découvre que celui-ci a menti sur sa profession et il a peur qu'on vienne l'espionner : mais que craint-il? Il rejoint son épouse, une Thaïlandaise, nommée Saraï avec laquelle il semble avoir de drôles de relations maritales mais en laquelle il semble avoir confiance pour lui confier ses soucis sur ce client. Une fois sorti de sa chambre, elle appelle en Thaïlande des gens qui lui demandent d'écarter ce souci, sans trop en faire, afin de, je cite, "ne pas mettre la puce à l'oreille de l'autre folle de Calcutta"! Mais qu'est-ce que cela veut dire? et qui est cette "folle"? en tout cas, l'on apprend que celle-ci a des cliniques. Mais quel rapport avec cet hôtel? En tout cas, l'interlocuteur lui demande aussi de surveiller son mari qu'il ou elle croit capable de "faire une connerie, comme il en a l'habitude". C'est donc dans cette ambiance étrange que nos amis vont arriver et vous imaginez bien que le séjour annoncé comme quasi paradisiaque et reposant, va tourner au cauchemar puisqu'un homme va au moins mourir... est-ce ce fameux Sunil? et lui? que veut-il? pourquoi vient-il en "vacances" ici? et bien vous aurez des réponses à toutes ces questions et tellement d'autres en lisant cette nouvelle enquête des Crimes en Himalaya.   

  J'aime beaucoup ces personnages parce qu'ils sont tous très différents : Teslin incarne la sagesse tibétaine tandis que Shirley est l'actrice riche bollywoodienne reconnue et est donc une femme moderne et libérée. Quant à Gopika, je dirais qu'elle est déchirée entre les deux : elle a eu une éducation assez traditionnelle mais depuis son arrivée dans le Sikkim, elle ne cesse de s'affranchir de ces carcans et devient de plus en plus libre. Ce sont des personnages attachants car outre leurs croyances et leurs manières de vivre, ce sont des gens simples que l'on prend plaisir à retrouver tome après tome et ils ont un humour délicieux. Vous ne pourrez que les aimer.  

  Les enquêtes sont savamment menées parce que l'on est loin, à chaque fois, de se douter de ce qu'il en retourne :  Bernard Grandjean s'appuie ses connaissances de cette région et de ses cultures pour pouvoir créer des histoires où les crimes paraissent véridiques tout comme les solutions pour les résoudre : ici, pas besoin de gadgets sophistiqués pour trouver le coupable mais l'esprit, la sensibilité et ce qu'offrent bien sûr ces pays si riches et si divers.

  Vous notez que volontairement je reste évasive sur les personnages secondaires mais sachez que comme toujours, il y a les gentils et les méchants! ça ne vous aide guère, hein? oui, je sais ^^
 De la même manière, l'on suit les "amours" de Gopika, notre coeur d'artichaut préféré et l'on se demande si enfin, elle finira par trouver le bonheur car c'est une belle âme. 


 Mais ce que je préfère par dessus tout dans ces romans, ce sont les descriptions de paysage, de rites culturels et religieux, les discussions de Gopika et de ses amis, bref,  cette ambiance unique qu'a su créer l'auteur et qui nous donne qu'une envie : prendre un avion pour aller les rejoindre et découvrir de nos propres yeux ces sites grandioses mais aussi ces villages ou encore ces monastères dans lesquels Telsin trouve tellement la paix. On ressent l'amour de l'auteur pour cette région du monde à chaque page et il en profite aussi pour faire passer quelques messages afin de nous éveiller sur la situation terrible des Tibétains sous le joug chinois ou encore sur les difficultés des peuples des montagnes et campagne très pauvres. C'est donc l'occasion pour vous, lecteurs, d'aller enquêter sur des terres uniques : croyez-moi, vous ne le regretterez à aucun moment. 

  Je terminerai pour une fois par une citation qui sera plus parlante et que vous prouvera la plume poétique de l'auteur (car oui, je le redis, c'est magnifiquement bien écrit) Nous sommes au début du roman, au moment du pique-nique de Gopika, Telsin et lama Tsültrim et ils regardent le paysage...  

" Tel un monstrueux dragon s'ébrouant de son lac natal, les collines du Sikkim déroulaient leurs anneaux dans toutes les nuances de jade et de la turquoise. A l'horizon, sur la tête du dragon, les pics glacés de l'Himalaya posaient une tiare scintillante, merveilleusement belle et vaguement inquiétante". 
  
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