vendredi 1 mars 2019

Une vrai roman historique comme je les aime...

vendredi 1 mars 2019
Cette après-midi, j'ai terminé "La dame de Crozon" de Gilles Milo-Vaceri et alors que j'ai encore des chroniques à rédiger, j'ai décidé de vous parler de celui-ci en premier parce que non seulement il m'a passionnée mais en plus, son personnage féminin "Maelys", m'a rappelé à bien des égards les belles héroïnes féminines et fortes de mon ami Bernard Simonay et comme c'est quelqu'un que je n'oublie pas, j'ai pensé à lui et me suis dit qu'il aurait adoré cette histoire, lui aussi (lui aussi ne voulait pas être catalogué dans un genre) et puis, parce que je l'avoue, j'aime tout simplement les romans de Gilles Milo-Vaceri (enfin, un peu moins quand ils parlent de bateaux ^^ ) 

Si vous aimez la romance, les chevaliers, les rebondissements (et ce, jusqu'au bout!), la culture mais aussi une touche de légendes bretonnes combinés à une belle leçon de tolérance, ce roman passionnant est fait pour vous.
Je vous le dis, une fois commencé, vous ne pourrez le lâcher car l'auteur a su créer un couple à la hauteur de cette histoire (et pour une fois, l'un ne domine pas l'autre) et il les a entourés de personnes plus attachantes les unes que les autres. Vous rajoutez un animal compagnon, qui ajoute une aura de mystère, un savant "étranger" et des ennemis détestables à souhait et vous avez encore une réussite de la part du monsieur.  
Pour ma part, il s'agit donc du quatrième genre dans lequel je le lis après le polar, le roman d'espionnage, le récit d'aventure et donc cette fois le roman historique...  et j'ai été une nouvelle fois bluffée par sa capacité à conter cette histoire...Soyons clairs, même s'il s'agit d'un roman historique et qu'il a fait des recherches, Gilles Milo-Vaceri rappelle en préambule qu'il s'agit d'une fiction et donc que comme tout bon écrivain qui se respecte, il s'autorise à prendre quelques libertés s'il en a besoin. Dont acte ;)

"La dame de Crozon" est sorti 28 janvier aux Editions du 38 (un peu avant en ebook) et je remercie Anita, l'éditrice de ces merveilleuses éditions, pour son envoi en service presse et sa confiance. Bien sûr, il rejoindra "ses petits frères" dans ma bibliothèque.

Présentation de l'éditeur

22 décembre 1169 À 7 ans, Maelys Hautefort assiste au massacre de sa famille par le comte Maden de Lornan. Elle échappe de justesse à la mort. Dernière héritière de sang, elle devient baronne de Crozon. Novembre 1188 La haine du comte poursuit Maelys et les attaques se succèdent, laissant la baronnie exsangue, condamnant les habitants à la famine. De Lornan réclame l'impôt de vassalité, espérant en finir. Un inconnu, le duc Cédric de Mougins-Granfeu, évite cependant la disgrâce à Maelys en payant sa dette. Il revient de Terre Sainte avec de mystérieux compagnons et demande l'asile sur les terres de la baronne. Au centre d'une étrange prophétie, soutenue par des druides et la confrérie des bâtisseurs, Maelys veut protéger ses gens, mais la tâche s'avère difficile, car les sabotages et les meurtres freinent l'essor de Crozon. L'amour va bouleverser la vie et les convictions de la jeune femme. En attendant, la mort rôde dans le fief de Crozon...

Mon avis : Comme vous l'avez compris, j'ai adoré! Après un début assez sombre (je crains toujours le pire avec le monsieur, adepte des polars assez noirs), le récit prend son envol et malgré les menaces qui pèsent sur l'héroïne, ses terres ou ses gens, on se prend à mener l'enquête auprès des héros pour savoir qui est le traître qui en a après eux... et en cela, on reconnaît bien la patte de l'auteur ^^ Evidemment, on espère aussi le bonheur pour Maelys mais aussi pour son "sauveur" Cédric qui est un chevalier, tel qu'on les aime : impitoyable avec ses ennemis, généreux et prêt à tout  pour ceux qu'il aime, doté d'un sens de l'honneur admirable et enfin accompagné d'un loup mystérieux... mais j'y reviendrai plus tard. 

Vous l'avez compris avant même que je ne développe, on a un duo de héros exceptionnels mais pas que... ^^ Je vous promets que vous vous attacherez à bon nombre des personnages secondaires et ça, c'est la force d'un grand roman historique populaire, au sens noble du terme.

Mais comme toujours, laissez-moi vous raconter le début de l'histoire... celle-ci s'ouvre sur un prologue qui se déroule en "l'an de grâce 1169" dans le duché de Bretagne (ben oui, à l'époque, ce duché est indépendant et n'appartient pas au Royaume de France) dans le Comté de Cornouailles, dans le Fief de la baronnie de Crozon. Pourquoi toutes ces précisions? parce que nous sommes au Moyen-Age, dans une époque de vassalité et que chacun dépend de quelqu'un : je m'explique ;) Le baron de Crozon dépend du Comte de Cornouailles qui lui-même dépend du duc de Bretagne... vous m'avez suivie? et évidemment, cela aura son importance pour la suite.


L'on nous apprend que la baronnie de Crozon ( à la pointe de la Bretagne, Crozon existe toujours) est la plus pauvre du Comté mais que malgré tout, elle a bonne réputation parce qu'elle est gérée par un seigneur puissant, le baron Erwan Hautefort de Crozon, mais surtout un homme d'honneur, qui respecte ses gens et est juste dans sa manière de rendre la justice et d'administrer son domaine. Il est marié à une femme tout aussi exceptionnelle car non seulement elle est réputée pour sa beauté mais en plus, elle est généreuse envers tous, y compris les plus pauvres : elle a donc créé un hospice afin de leur venir en aide. Ce couple extra-ordinaire a trois enfants : deux garçons et une fille mais évidemment, une telle réputation et un tel bonheur ne pouvaient que susciter la jalousie... Le Comte Maden de Mornan dont Erwan était le vassal, est un homme mauvais (sans foi ni loi) qui ne souhaite qu'une chose, acquérir cette baronnie par quelque moyen que ce soit mais lui aussi est le vassal du Duc de Bretagne et il ne peut agir librement puisqu'il n'a rien à reprocher, malheureusement à Erwan. 

Mais il va se dérouler un événement qui va lui donner l'occasion d'agir et de rayer cette famille ou quasi (je vous laisse découvrir ce qui se passe) : il va alors se venger et détruire cette famille de manière effroyable en mentant, trichant, corrompant ... et alors qu'il a les quasiment  tous assassinés,  l'aîné des trois enfants a eu le temps de s'enfuir mais l'on rapporte sa chemise ensanglantée (en cette période où les bêtes sauvages vivent à profusion dans les bois, son sort semble scellé), il décide toutefois, non sans raison, d'épargner la petite Maelys alors agée de 7 ans qui va alors le maudire, lui et les siens... comme si cette dernière avait le pouvoir de le faire reculer, lui le comte omnipotent... Bien évidemment, la présence de son parrain, un abbé de 25 ans, n'y est pas étranger non plus mais l'on sent déjà la force et le désir de vengeance qui animera la petite fille... Le frère du Comte, un homme d'église mais pourri jusqu'à la moelle, intercède alors en sa faveur car ce n'est qu'une fille... bien mal leur en prendra. Un détail retient toutefois notre attention... une silhouette se "traîne" jusqu'au cadavre du baron dans les bois puis vient se recueillir devant le bûcher qui a vu mourir la baronne et son jeune fils avant de disparaître... quelle est donc cette mystérieuse évanescence?

Sa famille disparue, Maelys devient donc à 7 ans la baronne de Hautefort de Crozon et elle n'oubliera jamais cet instant... Elle se fait une promesse et fait une promesse à ses gens de venger sa famille et de prendre soin d'eux... A 7 ans, la légende est déjà en marche...

Le chapitre II se déroule en l'an de grâce 1188 soit 19 ans après le début du roman... la petite fille est devenue une jeune femme belle mais aussi redoutée : en effet, elle n'a rien d'une Dame du Moyen-Age... au contraire, elle est devenue un vrai guerrier capable de se battre... mais bien sûr, comme elle l'avait promis, elle a pris en charge sa baronnie et se dévoue corps et âme (comme ses parents avant elle) à ses gens.. MAIS... MAIS... le Comte qui a fait assassiner sa famille, rêve toujours de mettre la main sur ce fief qui lui résiste et il va une nouvelle fois, trouver une ruse pour la faire plier, voire abdiquer : il cède dans un premier temps sa place à son fils (encore plus fourbe que lui) et alors que tout semble perdu pour Maelys (je vous passe les détails ^^ )... un chevalier totalement inconnu mais aux valeurs similaires à la jeune femme, Cédric de Mougin-Grandfeu, va alors lui venir en aide de manière inattendue (je ne révèle rien, c'est dans le texte de présentation) : non seulement, il va la sauver, payer ses dettes mais il va aussi bouleverser sa vie et celle de sa baronnie,  à bien des égards... En effet, il va lui demander asile et en contrepartie (il pourrait ne rien lui demander, il a déjà beaucoup fait en payant ses dettes) il va lui payer un "loyer" dirait-on aujourd'hui et lui proposer l'aide de ses hommes et amis... mais vous vous doutez bien que le Comte ne va pas l'entendre ainsi et va tout faire pour acquérir cette terre qu'il s'estime lui revenir de droit. Il va donc s'appuyer sur ^^ euhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh vous ne croyez pas que j'allais vous le dire, hein? 
A vous d'aller lire si Maëlis et Cédric vont réussir à obtenir ce que tous deux veulent...  Vont-ils réussir à rebâtir Crozon? Qui est donc le traître qui en veut à la jeune femme et pourquoi? Le Comte va-t-il réussir à obtenir cette terre qui lui résiste depuis toujours? ou au contraire, la malédiction de la petite fille va-t-elle se réaliser? Qui est donc la silhouette que l'on a croisée auprès du défunt baron? Quelle est donc la prophétie dont parlent les... ^^ et bien des réponses à toutes ces questions et tant d'autres en lisant cet excellent roman où l'on ne s'ennuie jamais.

Comme je l'ai dit au départ, j'ai aimé cette jeune héroïne qui ne renonce jamais, qui est forte et est prête à tout pour ses gens... Maëlis a hérité de la force guerrière de son père (par la force des choses) mais aussi de la générosité de sa mère. La tragédie effroyable qui l'a frappée enfant l'a forgée à tout jamais et alors qu'elle aurait pu se laisser abattre (nous sommes dans une période où les femmes n'avaient pas leur mot à dire) ou être aigrie ou aurait pu renoncer tout simplement, elle va grandir en n'ayant de cesse de vouloir restaurer le prestige de son fief, de protéger son peuple et bien sûr de venger ses parents et ses frères. C'est une femme exceptionnelle et sa rencontre avec Cédric (et ses compagnons) va lui permettre de se rapprocher de ses ambitions. Alors qu'elle aurait pu se laisser griser cette fois, bien au contraire, elle garde la tête froide et ne s'en remet pas totalement à lui au début du moins (même si elle lui fait confiance) car une fois encore, le bien-être de ses gens passe avant tout. Elle est son égale et Cédric voit en elle dès le départ combien elle est unique. Pourtant, elle reste humaine et son coeur va lui jouer des tours puisqu'elle est bien sûr attirée par le ténébreux chevalier mais aussi l'un de ses compagnons, Thibaud. Il lui faudra pourtant faire un choix mais rien n'est jamais simple en ces temps agités... mais je l'ai dit, c'est une femme exceptionnelle qui ne veut faire souffrir personne : elle est profondément humaine, tournée vers les autres et saura faire ce qu'il faut. Bref, j'ai adoré cette héroïne capable non seulement de se battre avec des armes mais aussi avec ses paroles et bien sûr avec ses actes. Elle est cultivée, tolérante, brillante... une femme bien en avance sur son temps, me direz-vous et vous aurez raison.

Cédric est le héros mystérieux, ténébreux, généreux pour lequel, mesdames, vous ne pourrez que craquer. De plus, c'est un guerrier redoutable et en même temps, un chevalier qui possède toutes les valeurs inhérentes à son statut. Il ne pourra que plaire à ces messieurs, plus adeptes des scènes de combats. Vous rajoutez un animal légendaire à ses côtés, un loup qui le suit comme son ombre et vous en faites un héros quasi mythologique à l'image d'un Yvain et de son lion. Il est le pendant de Maelys et comme elle, il fait passer les siens avant son bonheur personnel. Il a beaucoup souffert aux Croisades et en garde des traces. Il ne souffre pas l'injustice et c'est ce qui le fera venir en aide à la jeune femme alors qu'il ne la connaît pas. Bien sûr, comme tout chevalier qui se respecte, il a aussi ses failles et parfois s'emporte mais il a la chance d'avoir des compagnons qui lui sont dévoués corps et âme et qui sauront le ramener là où est son destin. Evidemment, ces deux-là ne pouvaient que tomber amoureux l'un de l'autre mais mais mais le danger les menace et Cédric se sent souvent impuissant : il lui faudra alors toute sa détermination pour vaincre son ou ses ennemis.
 Je ne peux pas non plus parler de lui sans évoquer son loup Krak, son compagnon, qui lui confère une dimension légendaire et qui est, à une époque où on les associait au diable, un animal unique et qui semble parfois doté de pouvoirs extra-ordinaires : en tout cas, de tous les loups présents dans ce roman, il n'est sûrement le plus mauvais mais le plus fascinant, sans nul doute. Bref, vous l'avez compris, Cédric est le chevalier parfait tel qu'on en rencontre dans les romans de Chrétien de Troyes avec une touche de modernité ;) 

J'ai adoré les personnages secondaires... notamment Abdul, cet Arabe revenu avec Cédric, des Croisades : mais que fait un ennemi parmi les amis du héros? et bien vous aurez l'explication en lisant ce livre ^^ J'ai adoré ce personnage, sa générosité et son savoir : Gilles Milo-Vaceri en profite pour nous rappeler que la civilisation arabe était bien plus en avance au XIIème siècle que la nôtre, notamment dans les domaines scientifiques comme la médecine ou les mathématiques et c'est ce savoir qui aidera bien souvent nos amis. Vous rajoutez une bonne dose de tolérance à une époque où le fanatisme religieux chrétien était de mise... et vous comprendrez combien la présence des étrangers peut être un enrichissement et qu'il ne faut pas avoir peur... message pour notre société actuelle? TOTALEMENT! 

Outre Abdul, il y a aussi Thibaut, le maître d'armes et compagnon de Cédric, revenu avec lui des Croisades.. là encore, vous découvrirez un homme bon, respectueux, guerrier impitoyable lui aussi et qui ne peut être que troublé par Maelys... pourtant, il ne veut pas trahir son ami et souffre de l'indécision de la jeune femme, lui aussi. Fort heureusement, tout a une explication dans ce bas monde... mystérieux? c'est fait pour... 

Autres personnages passionnants? les moines que l'on rencontre dans ce roman : que ce soit Guillaume au départ et ensuite, Ronan, l'on découvre des hommes simples et bons, croyants et ouverts... mais ne souffrant pas l'injustice. Evidemment, il y a leur pendant machiavélique "Brieuc de Lornan" qui symbolise, malheureusement, ce que l'on dénonce actuellement dans les scandales liés à l'Eglise (et je suis sûre que je n'ai pas besoin d'en dire plus) Il y a aussi les maîtres d'oeuvre, les compagnons qui vont officier au développement de Crozon et vous en apprendrez plus sur les débuts de cette belle institution que sont les compagnons du devoir... (et cela m'a rappelé, par certains passages, les romans de Jean Diwo) J'ai adoré aussi bien Maître Pierre que Maître Robert ou encore Gurutz, le Basque au caractère bien trempé mais aussi tant d'autres qui font la richesse de cette ville comme de ce roman. 
Cette histoire se passe en Bretagne... attendez-vous donc à y croiser quelques représentants de la tradition druidique mais chut ^^ gardons leurs mystères à eux aussi. 

Enfin, il y a bien sûr, les méchants de service avec la famille du Comte de Lornan... que ce soit le père ou le fils ou les frères, pas un pour rattraper l'autre : tous mauvais jusqu'à la moelle et vous allez adorer les détester tant ils sont machiavéliques et fourbes. Il y en a d'autres mais je vous les laisse les découvrir. 

Donc, vous l'avez compris, ce roman est une réussite : c'est un vrai roman historique avec des péripéties jusqu'au bout, où l'on apprend en s'amusant car évidemment, Gilles Milo-Vacéri nous explique les techniques de construction de l'époque ou encore les traditions et la culture du Moyen-Age : que ce soit la vassalité et ses devoirs ou encore le règle de la chevalerie. Bien sûr, il n'oublie pas de nous faire comprendre combien cette époque était dure et violente. De plus, il mélange différents genres pour notre plus grand bonheur : romance, enquête (non pas policière cette fois) mais chevaleresque, une touche d'ésotérisme (rappelez-vous... malédiction, prophétie...)  et enfin, comme toujours chez lui, une belle leçon de vie. Je vous l'ai dit, c'est un vrai roman historique populaire et je sais qu'il aurait plu à Bernard Simonay. 

Je pourrais continuer longtemps mais je me dis que si je ne vous ai pas encore convaincus, je n'ai qu'une chose à dire "tant pis pour vous " ;) 

Donc, pour foncer l'acheter, c'est par ici : La dame de Crozon

1 commentaire :

  1. merci beaucoup pour ces gentils mots sur la chronique et pour le roman, fonce ^^ :)

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