dimanche 2 mai 2021

Un magnifique témoignage réaliste et plein d'espoir

dimanche 2 mai 2021

 Je l'avoue quand Loïc Malfroy m'a contactée pour chroniquer son livre "Un an en Seine Saint-Denis, témoignage d'un prof d'EPS débutant", j'ai hésité : en effet, étant enseignante moi-même, quand je rentre, j'aime passer à autre chose et généralement, je ne lis pas ce qui peut me replonger dans mon quotidien. Mais je me suis dit qu'entre collègues, on se devait d'être solidaires (et mon blog doit aussi servir à mettre en valeur les auteurs comme lui qui ont fait le choix de l'auto-édition, je le fais depuis le départ) et deuxièmement, ayant passé le concours en interne, j'avoue avoir "échappé" (ou pas) à une mutation en région parisienne, comme tout bon nouveau prof qui se respecte (ceci dit, c'est pareil pour les forces de l'ordre, par exemple) Je suis donc dit que ce serait enrichissant car je ne connais pas ces élèves et que forcément, c'était un autre métier pour moi : GROSSIERE ERREUR! Non seulement, je me suis reconnue dans bon nombre de situations (alors que nous n'enseignons pas la même matière) mais en plus, je me suis dit qu'avant cette lecture, j'étais pétrie de clichés (comme beaucoup j'imagine) sur ces collèges et lycées en Seine Saint-Denis et qu'il a bien fait d'écrire ce témoignage pour remettre les choses à leur juste place. C'est donc un magnifique témoignage que nous offre Loïc mais aussi une réflexion sur le métier d'enseignant et sa place dans la société d'aujourd'hui. 

Ce livre est sorti le 11 avril donc en auto-édition et je le remercie vraiment de m'avoir contactée pour me le proposer.

Présentation de l'éditeur

À quoi peut bien ressembler une année d’enseignement en Seine-Saint-Denis, dans un collège classé en réseau d’éducation prioritaire, pour un enseignant débutant ?

Tout juste sorti des bancs de la fac et aussitôt muté à 500 kilomètres de chez lui, l’auteur partage ses doutes, ses difficultés mais aussi les joies et les petites victoires qui ont jalonné son entrée dans la profession à travers un récit sincère et authentique.

Le jeune professeur d’EPS nous plonge dans la réalité de son métier : les interactions avec ses élèves, les problématiques sociales liées à l’environnement défavorisé dans lequel ils grandissent, la communication avec leurs parents, la sensation de compter mais aussi le sentiment d’impuissance face à des situations imprévisibles.

Laissez-vous entrainer dans une année scolaire particulière…

Mon avis : Je vous l'ai dit, je partais avec des idées préconçues : je m'attendais à un témoignage montrant une année quasi épouvantable où le prof (surtout débutant) peine à s'imposer, à enseigner et donc à trouver sa place. Eh bien, pas du tout! Bien sûr, on ne va pas chez les Bisounours car notre auteur a aussi ses moments d'échec mais surtout, Loïc Malfroy a écrit un magnifique ouvrage où il met en avance bien sûr les points négatifs et  les points positifs du 9-3 et ça, j'ai adoré. Bravo! 
  Nous allons donc le suivre tout au long de son année scolaire, du moment où il est nommé à Aulnay-Sous-Bois, dans un collège classé REP + à sa nouvelle mutation dans la région lyonnaise, à Mezieu dans la banlieue lyonnaise
(où ce n'est pas forcément plus simple) 
   J'ai beaucoup aimé son style : simple et à la fois percutant : en effet, il va nourrir son témoignage de diverses anecdotes qui vont le rendre plutôt drôle et sympathique ou au contraire qui vont vous émouvoir si bien que l'on a l'impression d'être à ses côtés et d'assister aux différentes scènes. Attention, par moment, vous n'aurez pas envie de rire, notamment lorsqu'il explique que l'établissement a été incendié trois fois dans l'année, qu'il a été menacé de mort ou lors d'échanges avec certains enfants ou parents mais malgré tout, on ressent la tendresse qu'il a pour ces élèves qui n'ont, soyons clairs, pas la même chance que tous les autres, quoi qu'on en dise. En effet, comment être indifférent à ce jeune garçon qui ne peut venir en sport qu'en jean parce qu'il n'a qu'un survêtement et que celui-ci est au sale? ou à ces élèves qui héritent des vêtements ou chaussures de leurs frères et soeurs et forcément qui ne leur vont pas ou encore à ceux livrés à eux-mêmes parce que leurs parents les ont laissés seuls ou en compagnie des grands?   
   Bien sûr, là encore, ce serait caricatural de résumer les élèves de Seine-Saint-Denis à ces exemples mais force est de constater que la misère sociale y est bien plus présente et que tout enseignant doit y faire face et en tenir compte dans son enseignement. On ne peut pas demander la même chose à un enfant qui n'a pas grand chose qu'à celui qui possède toutes les facilités. Et pourtant, le programme est là, implacable et même s'il n'est pas fini pour diverses raisons, les examens demeurant nationaux, il faut bien faire avec. De plus, est-ce la meilleure solution de niveler par le bas et donc d'insulter ces jeunes gens en leur trouvant dès le départ des excuses et se dire qu'ils n'y arriveront pas? La réponse est évidemment négative mais il n'empêche que cela n'est pas simple de composer avec certains enfants qui ne connaissent que la violence, sous quelque forme que ce soit et dont le niveau de vocabulaire n'est pas le même qu'ailleurs. 

Le témoignage de Loïc amène ainsi à se poser de nombreuses questions : l'enseignante que je suis a souvent réagi à certaines situations et même si nous n'avons pas les mêmes élèves, force est de constater qu'il y a (et heureusement) de nombreuses similitudes et qu'ils se comportent, en partie, de la même manière. De plus, la gestion du "à côté" qui est extrêmement chronophage est quasi la même que l'on soit en Seine-Saint-Denis ou dans la Loire. Comme c'est un "jeune prof",  il n'a pas forcément le même regard que moi mais c'est intéressant de lire comment il perçoit ceux qui sont avec plus d'années et comment il ne voudrait pas devenir lol Je l'avoue, ça m'a bien amusée.  

   Toutefois, même si vous n'êtes pas enseignant, voire pas du tout au contact des enfants, je suis sûre que vous trouverez cet écrit enrichissant et sincère : il vous apportera beaucoup, vous remettra sans nul doute en question et comme lui, vous vous poserez des questions quant au rôle des parents vis à vis de l'école, de la place de l'enseignant dans la société d'aujourd'hui ou encore sur la formation de ces derniers (vous serez sans doute stupéfait du décalage qu'il y a entre le terrain et les formations proposées qui sont parfois (et bien trop souvent) déconnectées de la réalité et forcément qui ne répondent pas au besoin d'un nouveau prof ou d'un prof plus aguerri).  A se demander si certains ont vu des élèves récemment 
 
 Mais ce que je retiendrai surtout, c'est le positif qui se dégage de ces pages car même si Loïc est passé et passera encore, par des moments de découragement ou encore par des moments de remise en question sur sa place au sein de l'école et son métier,  on ne retiendra au final que tout ce que ces enfants lui ont apporté et qui font qu'il sait qu'il est fait pour cette vocation. Les moments tendres et drôles,  les fameux "moments d'étoiles" comme il dit, les réussites alors que l'on pensait que tout était inutile et les petits cadeaux de fin d'année sont autant de points positifs que l'on se doit de retenir quand on a envie de laisser tomber. 

 A la fin de son année racontée, il laisse la parole à des collègues qui ont tous des parcours différents : certains sont là, comme lui, de passage (même si l'on sent qu'il aurait aimé rester s'il avait pu) ou au contraire, sont là depuis longtemps et forcément n'ont pas la même vision : c'est vraiment un vrai plus. 

 Je vous le redis, c'est un beau témoignage que je vous conseille archi-vivement (oui, l'horreur grammaticale est volontaire) et qui a le mérite d'être sincère sur ce qui est positif et qui ne l'est pas. J'espère juste que ses anciens élèves le liront car l'on sent vraiment l'attachement qu'il a eu pour eux et qui les montre tels qu'ils sont réellement : des gamins de la république, comme les autres, attachants au possible pour certains (comme dans toutes écoles, tous ne le sont pas)  mais qui n'ont pas forcément les mêmes chances au départ. Il montre le meilleur d'eux-mêmes et c'est une vraie joie de les découvrir tels qu'ils sont.
 Je terminerai en disant que ce livre devrait être donné à tous les nouveaux profs envoyés là-bas afin de casser les préjugés et de leur dire : foncez, même si cela va être dur, vous aurez de super moments et vous en ressortirez grandis et enrichis. 

 Pour l'acheter, car vous allez l'acheter, n'est-ce pas, c'est ici : ebook ou papier

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